Colorimétrie : caractéristiques de l’œil humain –
spectre des couleurs
I – Caractéristiques
physiques et physiologiques de la vision
Avant d’examiner les
caractéristiques et phénomènes de la vision, il est nécessaire de bien connaître
la constitution de l’œil.
A) Constitution
de l’œil
L’œil est un des
organes les plus importants mis à notre disposition par la nature : c’est
un des organes des sens qui nous permet le mieux de connaître le monde
extérieur.
Il est remarquable de
constater que l’œil est un des premiers organes à apparaître sur
l’embryon : cette précocité rappelle, sans doute, le rôle de la lumière
dans l’origine de la vie.
Le globe oculaire de
l’homme a la forme d’une sphère de 23 mm de diamètre environ (figure
1) .
1) L’enveloppe de
l’œil, constituée par l’enveloppe externe, la sclérotique, membrane protectrice
très résistante de nature fibreuse et épaisse. Vers l’avant, elle devient plus
bombée et transparente et forme la cornée.
Sur la face interne
de la sclérotique se trouve la choroïde, pigmentée en noir et qui transforme
l’œil en chambre noire. Vers l’avant, la choroïde prend une forme circulaire
plane, l’iris, percé d’un trou appelé pupille. L’iris peut être diversement
coloré(yeux bleus, verts, bruns…).
2) La cornée :
calotte sphérique de 16 mm de diamètre et de 2 mm d’épaisseur d’environ.
3) L’humeur
aqueuse : liquide transparent remplissant la cavité comprise entre la
cornée et le cristallin. Son indice de réfraction est de 1,337. Elle est
constituée d’eau et de sels minéraux.
4) Le
cristallin : il forme une lentille convexe dont la convergence est
commandée, selon la distance de l’objet regardé, par les contractions du muscle
ciliaire situé à la périphérie. Cette souplesse de déformation diminue avec
l’âge.
Le noyau central est
plus réfringent que les couches externes. De l’extérieur jusqu’au noyau,
l’indice croît de 1,337 (indice de l’humeur aqueuse), jusqu’à 1,437, ce qui a
pour effet de corriger l’excès de convergence des bords.
5) L’humeur
vitrée : elle remplit le globe oculaire entre le cristallin et la rétine.
C’est un liquide transparent et gélatineux d’indice de réfraction égal à 1,35.
6) La rétine :
le fond de l’œil est tapissé par une membrane très fragile, jaunâtre et
transparente. C’est la partie sensible de l’œil. Cette sensibilité est due à
deux sortes de cellules :
Les bâtonnets : comme leur nom l’indique, ces cellules ont une
forme allongée (figure 2) . Ils sont colorés en rose par
le pourpre rétinien qui les rend sensibles à la lumière. Ils ne sont pas
sensibles à la couleur et travaillent essentiellement en vision crépusculaire.
On compte environ 120 millions de bâtonnets dans la rétine humaine.
Les cônes : ce sont les seuls à être sensibles à la couleur. Ils
participe essentiellement à la vision diurne.
Les cônes ont des
dimensions et des formes assez variables et sont au nombre de 7 millions
seulement. Ils contiennent très peu de pourpre rétinien et sont beaucoup moins
sensibles à la lumière que les bâtonnets, ils sont, par contre, sensibles aux
différences de couleur.
Ceci explique
pourquoi à la lumière de la lune, on ne perçoit plus les couleurs, l’intensité
de la lumière est trop faible pour exciter les cônes et seuls les bâtonnets
sont excités.
Cônes et bâtonnets
constituent donc les récepteurs de lumière de l’œil. Ceux-ci sont reliés par
les neurones bipolaires et multipolaires, véritables cellules de transmission
des influx nerveux au nerf optique. Ce dernier se détache du fond de l’œil à
partir d’un point appelé le point aveugle (en effet, ce point n’est pas
sensible aux excitations lumineuses).
B) Fonctionnement
de l’œil
1) formation des
images
l’œil fonctionne
comme un appareil photographique. Il comprend donc un objectif qui est le
cristallin, un diaphragme qui est l’iris, une chambre noire, l’intérieur de
l’œil, une plaque sensible, la rétine (figure 3) .
Il peut être
assimilé à une lentille convergente dont la distance focale serait de :
f = 0,015 mètre (figure 3 b)
Sa convergence
(inverse de la distance focale exprimée en mètre) est donc de :
C = =
= 66
dioptries
2) mise au point
des images (accommodation)
Fonctionnement
normal : un objet éloigné est vu net (par l’œil normal). Si l’on rapproche
l’objet de plus en plus, on constate une variation de la courbure de la face
antérieure du cristallin qui entraîne une variation de la convergence des
milieux transparents de l’œil : le cristallin se déforme (figure
4) .
C’est grâce à cette
déformation du cristallin que l’image reste nette sur la rétine : c’est
l’accommodation.
Le point le plus
rapproché que l’œil peut voir nettement sans accommodation est le punctum
remotum.
Le point le plus
rapproché correspondant au maximum d’accommodation est le punctum proximum.
L’intervalle qui
sépare le punctum remotum et le punctum proximum s’appelle l’intervalle
d’accommodation.
La valeur maximum de
cet intervalle est l’amplitude d’accommodation. En pratique, on ne peut
soutenir longtemps, sans fatigue, qu’environ les 2/3 de l’amplitude
d’accommodation.
Dans un œil normal,
le punctum remotum est à 60 m environ(les objets plus éloignés sont vus sans
accommodation) et le punctum proximum est à 15 cm environ, les objets plus
rapprochés ne peuvent pas être vus nets (figure 5) .
Défauts
d’accommodation : deux
cas peuvent se présenter :
La myopie : l’intervalle de distance pour lequel s’effectue
l’accommodation est beaucoup plus faible et variable selon le degré de myopie.
La correction de ce défaut se fait par l’usage de lentilles divergentes.
L’hypermétropie : la distance minimale de vision nette est
supérieure à la normale. La correction de ce défaut s’effectue au moyen de
lentilles convergentes.
3) Sensibilité de
l’œil et action du diaphragme
L’épiderme, chez
l’homme, possède une sensibilité assez développée, un aveugle par exemple, en
approchant la main d’un mur sent l’obstacle par la chaleur réfléchie. Mais la
sensibilité de la rétine de l’œil est environ cent milliards de fois plus
grande.
Si l’intensité
lumineuse augmente, un phénomène réflexe automatique, rétrécit le diamètre de
la pupille, empêchant ainsi l’éblouissement.
4) Facteurs
d’excitation de la rétine
Les facteurs
commandant l’excitation de la rétine par la lumière, sont au nombre de trois.
a) La longueur
d’onde
Les radiations lumineuses,
c'est-à-dire celles qui sont perçues par l’œil sont comprises entre 0,4 et 0,7
microns de longueur d’onde. L’œil humain distingue ainsi les radiations
comprises entre le violet (0,4 ) et le rouge (0,7
)
(figure 6) . L’œil humain ne peut pas distinguer les
radiations au-delà de ces limites.
Il ne peut pas voir
l’ultra violet et l’infra rouge (à remarquer par exemple que l’œil de
l’abeille, lui, est sensible à l’ultra violet).
b) L’intensité
Pour qu’une lumière
soit perçues, il faut que son intensité lumineuse soit supérieure à un certain
seuil limite.
c) La durée
Pour qu’un éclat
lumineux soit perçu, il faut que sa durée soit au minimum de 1 s
(c'est-à-dire un millionième de seconde : 1
s
= 10
seconde).
5) Propriétés de
la vision
a) Acuité
visuelle
La tache jaune,
approximativement dans l’axe de l’œil, est le point sensible de la rétine.
Lorsque nous fixons un objet, nous dirigeons instinctivement nos yeux de façon
que l’image se forme sur la tache jaune. Dans ces conditions, un œil normale
est capable de distinguer à une distance de 20 cm, deux points distants de 0,05
mm. Ceci correspond à un angle de 1 minute (figure 7) .
Les images de ces
deux points sur la rétine sont séparées alors par un intervalle de 4
qui est de l’ordre de grandeur du diamètre d’un cône. Ainsi donc, pour que deus
points soient vus distinctement, il faut que leurs images sur la rétine soient
séparées au moins par un cône non excité.
L’angle de la (figure 7) mesure
donc l’acuité visuelle (on dit aussi pouvoir séparateur) de l’œil au niveau de
la tache jaune.
Si l’on s’éloigne de
la tache jaune, l’acuité visuelle diminue et devient environ 150 fois plus
faible.
De cette propriété
de l’œil, il découle immédiatement que le nombre de lignes qui composent une
image de télévision devra être égal ou supérieur à un certain minimum. Pour que
la trame de la (
figure 8) ne soit pas visible, il faudra que le nombre de lignes soit
supérieur à un certain nombre. Si l’on nomme ’
l’angle sous lequel un observateur voit son écran de téléviseur de hauteur
égale à trois et placé à une distance D
= 20 de celui-ci, on a :
’ =
et tg
’ =
=
=
0,075
Soit ’ = 4°
18’ soit 258 minutes.
L’angle ’
est donc de 516 minutes soit 516 fois le pouvoir séparateur de l’œil.
Le nombre de lignes
minimum visibles devra donc être de 516 environ et comme le total de lignes est
environ 10 % supérieur, on devra avoir : L
516
+ 51 = 567
lignes environ.
C’est pourquoi on a
choisi 625 lignes pour le standard européen.
b) Persistance
rétinienne
Sous l’action de la
lumière, des influx nerveux apparaissent au niveau de la rétine. Ces influx
persistent sur celle-ci pendant 1/50 à 1/30ème de seconde après la fin de
l’excitation lumineuse.
Ceci est en parfait
accord avec l’hypothèse d’une excitation chimique qui nécessite une certaine
durée.
La persistance
rétinienne permet en particulier la cinématographie et la télévision. En effet,
une succession rapide d’images fixes donne l’illusion du mouvement.
Ainsi par exemple,
le cinéma d’amateur utilise une succession de 16 images par seconde (ce qui
correspond à un temps de 1/32éme de seconde de projection par image) tandis que
le cinéma professionnel utilise une succession de 24 images par seconde (temps
de projection de chaque image 1/48ème de seconde).
c) Appréciation
des contrastes
La rétine est
sensible aux différence d’intensité lumineuse.
On appelle
contraste, la différence d’impression lumineuse produite sur l’œil par deux
éléments de surface différemment illuminés (on dit de luminance différente).
On a déterminé,
expérimentalement, que pour percevoir cette différence, il fallait que les deux
luminances différent d’au moins 1 %.
d) Appréciation
des couleurs
C’est la présence
des cônes dans la rétine qui permet la perception des différentes couleurs.
Ces couleurs ne
sont perçues qu’à partir d’une certaine intensité
du faisceau lumineux appelée seuil chromatique.
D’autre part, la
sensibilité de l’œil en fonction de la longueur d’onde de la radiation perçue,
n’est pas constante tout au long du spectre visible, qui s’étend, nous l’avons
vu, d’environ 0,4 à 0,7 microns (figure 6) . La figure 9a) montre que cette réponse est en forme de
cloche avec un maximum de sensibilité pour la lumière jaune vert et deux minima
pour les lumières rouge et bleue.
Cette courbe est
valable pour un éclairage moyen normal. Lorsque l’intensité de l’éclairage
diminue, on s’aperçoit que la réponse de l’œil se décale vers la gauche,
c’est dire que le maximum de sensibilité
correspond alors à la couleur verte (figure 9 b) .
Lorsque
l’éclairement diminue encore (vision nocturne), toute notion de couleur
disparaît : on ne perçoit plus alors le monde qu’en noir et gris.
Signalons enfin que
les daltoniens sont aveuglent à toutes les couleurs puisque leur rétine ne possède
pratiquement pas de cônes. Ils ne voient les images qu’en noir, gris et blanc
uniquement. Ces cas extrêmes sont assez rares.
II – Définition de la couleur
La définition de la
couleur n’est pas la même pour un physiologiste, un physicien ou un peintre.
Pour un
physiologiste qui étudie les fonctions organiques de la vision, la couleur est
une sensation colorée.
Pour un physicien,
la couleur n’est que le résultat de la décomposition de la lumière blanche.
Pour lui, la couleur est donc synonyme de lumière colorée. Cette lumière
colorée est définie par sa longueur d’onde exprimée en microns ()
ou Angström symbole Å (
m).
La longueur d’onde,
la fréquence et la période d’une onde électromagnétique sont liées par le
relation :
= C . T =
où C est la vitesse de la lumière dans le
vide (C
300 000 Km/s). T la période de la
vibration lumineuse et F sa fréquence.
Pour un peintre, un
teinturier, un imprimeur, la couleur est la matière colorée utilisée pour
produire la colorisation.
III – Dispersion de la lumière par un
prisme
Prenons un prisme et
projetons sur celui-ci de la lumière blanche, provenant par exemple d’une fente
éclairée par le soleil. Un magnifique spectre coloré (figure
10) apparaît alors sur l’écran (feuille de papier blanc) que nous aurons
pris soin de disposer derrière le prisme (figure 11) .
Les radiations qui
traversent la substance transparente, en l’occurrence notre prisme (en verre par
exemple) prennent des vitesses différentes selon leur longueur d’onde. Les
vitesses sont de plus en plus faibles lorsque la longueur d’onde de la
radiation diminue.
Le prisme est
caractérisé par son indice de réfraction n qui croît du rouge au violet. On
appelle indice de réfraction n, le rapport des vitesses de la lumière dans le
vide et dans le milieu considéré :
n = =
IV – Couleur des objets
La couleur, telle
qu’elle est perçue par le cerveau est une sensation physiologique
impérativement liée à trois facteurs :
1) Nature de
l’objet
Si nous regardons en
lumière blanche différents papiers colorés et que nous disons que l’un est
rouge, l’autre jaune et le troisième bleu, cela veut dire tout simplement que
le premier absorbe toutes les radiations sauf le rouge, que le second de même
renvoie uniquement les radiations jaunes après avoir absorbé toutes les autres
et de même pour le papier bleu (figure 12) .
Une feuille de papier
blanc, renvoie en principe toutes les radiations. Un corps de couleur noir
absorbe au contraire toutes les radiations.
2) Nature de la
lumière qui éclaire cet objet et permet à l’œil d’en recevoir le message
La couleur d’un
objet est liée à la lumière qui l’éclaire. En effet, prenons par exemple un
objet qui paraît de couleur jaune à la lumière du jour. Eclairé par une lumière
rouge, ce corps paraîtra rouge clair. Eclairé par une lumière verte, il
paraîtra brun.
3) Propriétés de
l’œil qui perçoit le message et le transmet au cerveau
Jusqu’à présent,
nous avons considéré que l’œil de l’observateur était normal.
Le sujet normal est
considéré comme trichromatique, c'est-à-dire que son œil est sensible à trois
couleurs fondamentales (rouge, vert et bleu), ce qui lui suffit pour avoir la
sensation de toutes les couleurs.
Il existe par ordre
de gravité croissante, les anomalies suivantes :
Le trichromatisme anormal : le sujet conserve la vision de trois couleurs
fondamentales, mais la courbe spectrale de son œil s’écarte beaucoup de la
moyenne. C’est souvent vers les couleurs rouge, rouge orangé que se manifestent
les déficiences.
Le dichromatisme : le sujet ne voit plus que deux des couleurs
fondamentales. Il présente une cécité totale soit au vert, soit au rouge.
L’achromatisme : le sujet
ne perçoit le monde qu’en noir, gris et blanc. Ce cas est extrêmement rare.
Ces anomalies de la
vision ont été étudiées par le célèbre chimiste Dalton, d’où le nom de
daltoniens donné aux malades les plus marqués.
V – Vision des couleurs
1) Contraste des
couleurs
Nous savons que
lorsque notre œil perçoit une couleur, il l’enregistre et en transmet un
message codé par les nerfs optiques. Ainsi par exemple, si la vision est
prolongée, il apparaît une sorte de fatigue des éléments photosensibles de la
rétine.
Notre œil ne voit
donc pas de la même manière, une surface colorée au début et au bout d’un
certain temps.
Pour appuyer cette
affirmation, réalisons l’expérience suivante : la (figure 13)
représente un rond de couleur rouge vif sur un fond blanc.
Fixons le
attentivement pendant environ 30 secondes, puis, brusquement, détournons le
regard pour fixer une feuille de papier blanc. Un rond de couleur bleu vert
(couleur complémentaire apparaît après quelques secondes.
Ce phénomène est
celui des contrastes successifs. Il est du au fait que pendant le temps de la
vision du cercle rouge, les éléments sensibles au rouge de la rétine se sont
fatigués, pendant que les éléments sensibles au vert se sont reposés. La
couleur verte se trouve alors exaltée. Ce phénomène fondamental de l’adaptation
visuelle est très important.
Voyons maintenant un
autre phénomène voisin. La juxtaposition de deux couleurs produit des effets
différents, selon que les teintes sont voisines ou au contraire opposées.
Plaçons un objet
rouge foncé sur un fond de grande surface de couleur rouge pâle par exemple ( figure 14 a) .
Les couleurs sont
voisines : il va en résulter un effet très doux.
La couleur rouge
foncé va paraître moins sombre que si le corps était placé sur un fond blanc.
Par contre, si nous
plaçons le même objet rouge foncé sur un fond vert, le contraste va être violent,
le fond vert semblant devenir plus vert et le rouge foncé plus rouge encore (figure 14 b) .
C’est ce que l’on
appelle le contraste simultané. La vision simultané de deux surfaces
différentes colorées qui se touchent, modifie réciproquement les sensations
colorées : la plus claire apparaît plus claire qu’elle ne l’est réellement
et la plus foncé paraît se foncer davantage.
2) Teinte –
Pureté – Intensité
L’œil rattache à une
couleur quelconque les trois facteurs suivants :
La teinte : c’est la caractéristique qui se traduit dans le
langage courant par des adjectifs tels que : rouge, vert, jaune, pourpre,
etc. ou par des combinaisons telles que : bleu vert, rouge orange, vert
jaune, etc..
Elle est déterminée
en colorimétrie par une longueur d’onde dominante de la couleur considérée.
Par exemple, la
couleur jaune vert a une longueur d’onde de 0,555 microns.
La teinte d’une
couleur indique celle des couleurs pures dont la couleur se rapproche le plus.
Par exemple, une certaine couleur de teinte bleu vert se rapproche de la
couleur bleu vert pure de l’arc en ciel
(ou celle du spectre coloré donné par le prisme).
La pureté : indique comment la couleur considérée se rapproche
plus ou moins de la couleur pure correspondante. Dans le langage courant, la
pureté se traduit par les adjectifs pur (ou saturé) ou lavé de blanc (ou lavé
tout simplement).
La pureté est
également appelé saturation. Prenons par exemple une couleur rouge vif et
ajoutons y par mélange, de plus en plus de blanc.
Notre magnifique
rouge vif va devenir de plus en plus rose, au fur et à mesure que la proportion
de blanc va augmenter. La (figure 15) représente une
expérience permettant de le vérifier.
Le projecteur 1
donne la lumière désirée (par exemple rouge vif), le projecteur 2 donne une
lumière blanche variable en intensité par l’intermédiaire du rhéostat Rh.
On obtient ainsi
toute une gamme de rouges plus ou moins lavés de blanc.
On suppose que le
fait de faire varier le rhéostat ne modifie pas la qualité de la lumière
blanche, c'est-à-dire on suppose que la lumière reste toujours blanche, mais
que seul son intensité varie (ce n’est pas tout à fait exact, car en réalité,
la lumière blanche devient plus rouge quand son intensité diminue).
L’intensité : se traduit dans le langage courant pour une source,
par des adjectifs intense (ou faible) et par des substantifs luminosité ou
brillance.
Pour un objet, on
traduira par l’adjectif clair ou foncé et par le substantif clarté.
La caractéristique
d’intensité peut être mesurée avec une cellule photoélectrique par exemple.
C’est la luminance ou le facteur de luminance.
Si vous lisez votre
journal éclairé par une lampe de 25 watts ou par une lampe de 100 watts,
l’effet est totalement différent. De même, si vous faites varier à l’aide d’un
rhéostat, l’intensité lumineuse de votre projecteur rouge (figure 15) ( le projecteur de lumière blanche étant
éteint maintenant), vous pouvez obtenir toute une gamme d’intensité différentes
quoique de même couleur fondamentale. Le rouge passera par exemple du foncé
(lorsque l’intensité de la lumière sera faible) au rouge clair (lorsque la
lumière sera intense).
3) Bases de la
colorimétrie
Afin de pouvoir
reproduire une couleur avec une précision suffisante comme l’exigeaient de
nombreuses techniques (photographie, cinématographie, télévision en couleurs
…), on a cherché à la caractériser plus rigoureusement par des données
numériques.
Nous avons vu
précédemment que la vision colorée pouvait différer d’un individu à l’autre. Il
n’est donc pas question de comparer entre elles les sensations de deux
observateurs. Mais par contre, nous pouvons demander à chacun d’eux de régler
séparément la composition et l’intensité d’une (ou plusieurs) lumière (s), de
façon à équilibrer pour que deux plages voisines, vues simultanément,
paraissent identiques.
Comme nous allons le
voir très bientôt, il est possible de représenter presque n’importe quelle
couleur de la nature, en mélangeant dans des proportions bien déterminées trois
couleurs seulement, judicieusement choisies parmi toutes les couleurs du
spectre.
Comme nous venons de
le voir, l’œil, dans une couleur, distingue trois qualités : la teinte, la
pureté et la brillance(ou intensité).
Un mélange de trois
couleurs bien déterminées permet de reproduire les trois qualités d’une couleur
quelconque : on dit que l’on fait alors de la synthèse trichrome.
La représentation
trichromatique des couleurs repose sur trois principe fondamentaux que nous
allons voir maintenant et qui sont encore connus sous le nom de lois de
Grassmann.
VI – Lois de Grassmann
1ère
loi
On peut reproduire
n’importe quelle couleur (ou presque) par un mélange additif de trois couleurs
(dites primaires).
Les quantités de
chacune des trois primaires définissent la couleur reproduite.
2ème
loi : Principe
d’additivité :
Soit une couleur C
obtenue par un mélange additif de trois couleurs primaires en quantités m, n et
p.
Soit une autre
couleur C
obtenue par un mélange additif des trois couleurs primaires en quantités m’, n’
et p’.
On mélange
maintenant les couleurs C
et C
pour obtenir une couleur C
.
La couleur C
peut être reproduite directement par un mélange additif des trois couleurs
primaires en quantités :
m’’ = m + m’
n’’ = n
+ n’
p’’ = p
+ p’
3ème
loi : Principe de multiplicité :
Soit une couleur C
obtenue par un mélange additif de trois couleurs primaires en quantités m, n et
p.
Soit une autre
couleur C
définie par km, kn et kp (k est un nombre positif pouvant être plus grand
(>) ou plus petit (<) que 1.
La couleur C
possède la même teinte et la même pureté que la couleur C
,
mais elle a une brillance différente.
Si k > 1 la couleur C
est plus brillante que C
Si k < 1 la couleur C
est moins brillante que C
Il en résulte de ces
trois lois que la qualité d’une couleur (teinte et pureté) ne dépend que des
proportions relatives des primaires :
La couleur dépend
de :
L’intensité de la
couleur (brillance), dépend de chacune des quantités des primaires. L’intensité
de la couleur dépend de km, kn et kp. Une couleur quelconque se trouve ainsi
entièrement caractérisée par trois nombres.
VII – Reproduction d’une couleur quelconque à
l’aide de la synthèse trichromatique additive
L’expérience
réalisant une synthèse additive des trois couleurs rouge, vert et bleu est
représentée (figure 16) . les trois couleurs ont été
choisies judicieusement. Elles correspondent aux longueurs d’ondes
suivantes :
Lumière rouge R = 0,630 microns
Lumière verte G
= 0,528 microns
Lumière bleue B
= 0,457 microns
On projette sur
l’écran E la lumière colorée X que l’on désire reproduire.
Sur l’écran E’, on
superpose trois faisceaux R, G et B, dont on peut régler l’intensité lumineuse,
à l’aide de rhéostats en série avec les lampes. On règle ces trois faisceaux de
façon à obtenir la même impression lumineuse que sur l’écran E.
Si l’on a pris soin
de munir les trois rhéostats d’une échelle graduée divisée en 100 parties
égales par exemple, on pourra admettre en première approximation que
l’intensité lumineuse est donnée par le nombre indiqué par la position du
curseur du rhéostat (0 indiquant que la lampe est éteinte, 100 que la lampe est
complètement illuminée, rhéostat hors circuit).
Si on obtient
l’équilibre avec le curseur du rhéostat rouge réglé sur 60 par exemple, on
pourra dire qu’il y a 60% de lumière rouge émise.
Si le curseur du
rhéostat bleu est sur 30, on dira qu’il y a 30% de la lumière bleue et 20% de
lumière verte, si au même moment le curseur du rhéostat vert est sur la
graduation 20. On aurait dans ce cas :
X = 0,6
r +
0,3 b + 0,2 g
Bien entendu, ces
chiffres sont pour le moment arbitraires (graduation des rhéostats).
A) Première série
d’expériences
Voyons ce que nous
pouvons obtenir déjà comme reproductions colorées, en utilisant par exemple
deux projecteurs seulement.
Eteignons donc pour commencer
le projecteur bleu (rhéostat sur 0) et examinons les couleurs que nous pouvons
obtenir avec les projecteurs vert et rouge seuls.
1) Si le projecteur
rouge est seul allumé, nous avons évidemment la couleur rouge seule (r = 100% , g
= 0).
2) Si le projecteur
vert est seul allumé, nous avons la couleur verte seule (r = 0 ,
g =
100%).
3) Si ces deux
projecteurs rouge et vert sont allumés et si les deux curseurs sont
simultanément réglés sur 50, nous obtenons une lumière jaune (l’expérience le
prouve, r = 50%, g
= 50%).
4) Si les curseurs
sont réglés comme sur la (figure 17) , nous obtenons les
différentes couleurs s’étendant du vert au rouge, en passant par le vert jaune,
le jaune et l’orange.
B) deuxième série
d’expériences
Nous utiliserons
maintenant, seulement les projecteurs bleu et rouge (le vert sera constamment
éteint). Nous obtiendrons une nouvelle échelle des teintes (figure
18) , s’échelonnant du bleu au rouge, en passant par les pourpres.
C) troisième
série d’expériences
Si nous éteignons
maintenant le projecteur rouge en utilisant uniquement les projecteurs bleu et
vert, nous obtiendrons une autre gamme de teintes, comprises entre le bleu et
le vert, en passant par les bleu vert (figure 19) .
D) Cercle de
couleurs
Portons sur un
cercle les trois primaires : rouge vert et bleu aux sommets d’un triangle
équilatéral. Nous voyons que par combinaison de deux d’entre elles, nous
obtenons les teintes intermédiaires : jaune, cyan et magenta (figure 20) .
Exemple : Rouge
+ vert =
jaune
Bleu +
vert = cyan (ou bleu vert)
Bleu +
rouge = magenta (ou pourpre)
Si nous allumons maintenant
les trois projecteurs simultanément, les trois curseurs réglés sur 100 par
exemple, la superposition des trois faisceaux colorés va nous donner du blanc.
Si nous déplaçons
simultanément et de la même façon les trois curseurs, nous constatons que nous
avons toujours de la lumière blanche, mais de moins en moins lumineuse.
Il est évident que
la lumière blanche, dans ce cas, étant la somme de trois lumières de couleur
primaire, sera d’autant plus intense(lumineuse, brillante) que les trois lumières
qui la composent sont elles mêmes plus intenses.
On a pris l’habitude
de placer la couleur blanche au centre du cercle, c'est-à-dire au centre du
triangle équilatéral RGB : le blanc est repéré par W(White = blanc en anglais).
Ce cercle permet de
se rappeler facilement les résultats des mélanges aditifs. En effet, lorsque
l’on a placé les trois couleurs primaires rouge, verte et bleue, les couleurs
complémentaires seront obtenues par mélange additif des couleurs primaires
prises deux à deux.
Ensuite, en
mélangeant une couleur primaire (par exemple, rouge), avec sa couleur
complémentaire (par exemple cyan), on obtiendra du blanc, il suffit de joindre
par la pensée les points rouge et cyan du cercle. Cette droite passant par le
centre, le milieu tombe bien au centre du cercle qui est le blanc.
De même : Vert
+ magenta = blanc
Bleu +
jaune = blanc
On a démontré, en
effet, que la lumière jaune par exemple pouvait être réalisée par un mélange
additif du rouge et du vert. On revient donc bien à une synthèse additive
trichrome et si les quantités de lumière sont égales, on retrouve bien du
blanc.
Bleu + jaune
= bleu + (rouge
+ vert) =
blanc
On peut, de même,
retrouver facilement les résultats de mélanges de couleurs complémentaires
prises deux à deux, en se rappelant le cercle des couleurs, ainsi par
exemple :
Cyan +
jaune = vert
Cyan +
magenta = bleu
Jaune +
magenta = rouge
On dit alors que les
couleurs rouge, bleue et verte sont des couleurs primaires.
On appelle couleurs
complémentaires, les couleurs cyan, magenta et jaune. Ainsi, la couleur
complémentaire de la couleur rouge est le cyan.
Couleurs
primaires Couleurs
complémentaires
Rouge cyan ou bleu vert
Bleu
jaune
Vert
magenta ou pourpre
VIII – Synthèse soustractive
Nous avons vu jusqu’à maintenant les résultats que l’on
pouvait obtenir en superposant (en additionnant) des lumières. Voyons
maintenant ce que nous allons obtenir en soustrayant plusieurs couleurs de la
lumière blanche.
Supposons trois
filtres : rouge, vert et bleu.
Le filtre bleu soustrait à partir de la lumière blanche, les lumières
rouge, jaune et verte (figure 21 a) .
Le filtre rouge soustrait à partir de la lumière blanche, les lumières
verte, cyan et bleue (figure 21 b) .
Le filtre vert soustrait à partir de la lumière blanche, les lumières
rouge, bleue et magenta (figure 21 c) .
Si nous superposons
maintenant un filtre bleu et un filtre rouge et que nous regardons au travers
de cet ensemble, la lumière blanche, que verrons nous ?
Il suffit pour cela
de superposer par la pensée, les surfaces des filtres bleu et rouge de la (figure 21) . On voit que seule la lumière magenta passera.
Lumière blanche +
filtre rouge + filtre bleu : reste lumière magenta.
Lumière blanche +
filtre rouge + filtre vert : reste lumière jaune.
Lumière blanche +
filtre bleu + filtre vert : reste lumière cyan.
En super posant
maintenant les trois filtres :
Lumière blanche + filtre bleu
+ filtre vert +
filtre rouge : reste zéro.
Dans la synthèse
soustractive, la superposition des trois filtres supprime toutes les
radiations : plus rien ne passe.
Donc : Rouge +
vert + bleu
= noir
De même : Cyan
+ magenta +
jaune = noir
Le mélange des
encres colorées, des peintures, des vernis, ne conduit pas à des résultats
aussi nets que ceux obtenus à l’aide de filtres.
Ainsi, le mélange de
couleurs rouge, bleue et verte, à partir d’une boîte d’aquarelles, ne donnera
pas tout à fait une couleur noire, mais plutôt un brun très foncé. Ceci est du
au simple fait que les courbes d’absorption de ces encres ne sont pas aussi
bonnes que celles des filtres précédents, et par conséquent, la soustraction
des lumières n’est plus parfaite.
La (figure
22 a) représente en couleurs, la synthèse additive et la (figure
22 b) , la synthèse soustractive.
IX – Triangle des couleurs
Nous avons vu que
nous pouvions représenter pratiquement toutes les teintes en mélangeant de
façon appropriée, trois couleurs fondamentales, appelées aussi primaires.
Supposons que nous
ayons choisi, comme couleurs primaires, les couleurs rouge, bleu et vert et que
nous obtenions à partir de trois projecteurs dont les intensités sont réglables
par rhéostats comme nous l’avons fait précédemment.
En faisant varier
les intensités lumineuses entre 0 et 100, nous pouvons reporter les résultats
obtenus sur le triangle de la (figure 23) , ce triangle
prend alors le nom de triangle des couleurs ou encore triangle R.G.B. ou
encore, triangle de Maxwell.
L’échelle rouge est
la hauteur du triangle partant du sommet R (rouge).
L’échelle bleue est
la hauteur du triangle partant du sommet B (bleu).
L’échelle verte est
la hauteur du triangle partant du sommet G (vert).
La (figure
24) donne la version en couleurs de ce triangle R.G.B.
Une couleur
quelconque peut être représentée par trois pourcentages déterminés. Par exemple
la couleur A (figure 23) peut être réalisée par 90% de
lumière verte(g = 0,9) , 5% de lumière rouge (r = 0,05) et 5% de lumière
bleue(b = 0,05).
L’équation
colorimétrique s’écrit donc (pour la couleur A) :
A = 0,05
R +
0,90 G + 0,05 B
La couleur au centre
du triangle (point W) se trouve sur l’intersection des trois hauteurs. Ses
coordonnées sont donc :
r =
g = b
1/3 ( =
0,33)
Dans un triangle
équilatéral, la somme des trois perpendiculaires abaissées d’un point du
triangle est égale à la hauteur du triangle (une des propriétés fondamentales
du triangle équilatéral).
Ainsi, dans
l’exemple du point W, on a :
r +
g + b
= 1/3 +
1/3 + 1/3
= 1
A) Exemples
1) Soit à chercher
le point représentatif d’une couleur pour laquelle r = 100%
et g =
b = 0.
C’est évidemment le
sommet rouge du triangle qui représente la couleur recherchée (figure
23) .
2) Soit le point M,
pour lequel :
r =
50% g =
50% b = 0%
On trace la droite
perpendiculaire à l’échelle rouge au point 50%.
On trace la droite
perpendiculaire à l’échelle verte au point 50%.
Ces deux droites se
coupent au point M qui correspond bien à b
= 0%
On sait d’ailleurs
que le point M représente la couleur jaune.
3) Soit à rechercher
le point H pour lequel :
r =
17% g =
5% b = 78%
On trace la droite
perpendiculaire à l’échelle rouge au point 17%.
On trace la droite
perpendiculaire à l’échelle verte au point 5%.
Par l’intersection
de ces deux droites (point H), la droite perpendiculaire à l’échelle bleue,
passe bien par le point 78%.
Ces résultats sont
très intéressants. On voit en effet que la somme des trois coefficients r, g et
b est toujours égale à 1 comme nous l’avons vu ci-dessus.
Dans le 1er cas on a :
r + g + b = 100% + 0% + 0% = 100% = 1
Dans le 2ème cas on a : r + g + b = 50% + 50% + 0% =
100% = 1
Dans le 3ème cas on a : r + g + b = 17% + 5% + 78% =
100% = 1
Et pour le point W
(blanc) :
r + g + b = 100% +
100% +
100% = 100% = 1
D’où le résultat
fondamental suivant :
Dans une couleur (du
triangle), il suffit de connaître deux coefficients quelconques, pour
déterminer immédiatement le troisième.
Si on connaît :
r et g, on aura b = 1 – (r + g)
Si on connaît :
b et g, on aura r = 1 – (b + g)
Si on connaît :
r et b, on aura g = 1 – (r + b)
De toute façon, on a
toujours : r + g + b = 1 (équation 1)
Et l’équation
colorimétrique pour une couleur C quelconque s’écrira :
C = rR + gG + bB
(équation 2)
En désignant par R,
G et B, les quantités de lumière rouge, verte et bleue, les pourcentages des
couleurs primaires sont donc définies comme ci-dessous :
Pourcentage de rouge :
r =
x 100
Pourcentage de vert :
g =
x 100
Pourcentage de bleu :
b =
x 100
B) Reproduction
des couleurs spectrales
On se propose de
reproduire n’importe quelle couleur du spectre solaire, à l’aide d’un mélange
additif de trois couleurs primaires.
Pour cela, il faut
commencer par définir exactement les couleurs primaires que l’on se propose
d’utiliser.
Mesures de Wright :
En 1929, Wright entreprend des mesures colorimétriques fort précises. Il
commence par définir exactement, les longueurs d’onde des trois couleurs
primaires qu’il décide d’utiliser.
Il choisit une
couleur rouge dont la longueur d’onde est 0,7 microns.
Il choisit une
couleur verte dont la longueur d’onde est 0,546 microns.
Il choisit une
couleur bleue dont la longueur d’onde est 0,436 microns.
Ces couleurs
spectrales sont choisies à partir d’un spectre solaire à l’aide de fentes
étroites sélectionnant exactement la raie spectrale désirée. La quantité de
lumière monochromatique ainsi choisie, peut être rendue variable par la hauteur
de la fente (figure 25) .
Il est évident que
si la fente est complètement découverte, une grande quantité de lumière
monochromatique sera disponible. Si la fente est complètement fermée, la
lumière monochromatique correspondante, sera alors nulle.
Les volets qui
permettent de faire varier la hauteur des fentes, se déplacent devant une
échelle graduée. Si la fente est fermée, le volet se trouve devant la
graduation zéro.
Si la fente est
complètement ouverte, le volet se trouve devant la graduation 100. Une position
intermédiaire sera indiquée par un chiffre compris entre 0 et 100.
En utilisant une boîte
à lumière du type colorbox, on peut donc comparer une lumière spectrale
quelconque et le mélange des trois lumières monochromatiques primaires.
La position des
trois volets indiquera les proportions nécessaires pour obtenir l’identité des
deux lumières.
A l’aide d’une fente
étroite, on sélectionne dans le spectre, la couleur que l’on désire reproduire
et on dirige cette lumière sur un écran E. L’écran E’ est éclairé, lui, par les
trois sources de lumières spectrales définies plus haut (figure
26) .
On règle les volets
de façon à obtenir la même impression colorée. A l’équilibre, on note les
pourcentages des lumières rouge, verte et bleue ainsi utilisés.
Toutes les teintes
comprises entre 0,700 (c'est-à-dire
le rouge) et 0,546
(vert)
peuvent ainsi être reproduites à l’aide des trois lumières primaires, R, G et
B, soigneusement dosées.
Par contre, si l’on
désire reproduire les teintes comprises entre le vert et le bleu, on s’aperçoit
que l’on ne peut pas y réussir en mélangeant ces trois couleurs primaires.
On peut tourner
cependant la difficulté de la façon suivante : on enlève une lumière
fondamentale (l’expérience montre que c’est la lumière rouge qu’il faut
enlever) et on la place du côté de la lumière analysée. Et on s’aperçoit alors
que l’on peut à nouveau, obtenir l’équilibrage (figure 27)
.
Placer la lumière
rouge du côté de la lumière analysée revient, dans notre équation
colorimétrique (2) vue précédemment, à considérer maintenant la lumière rouge
comme étant négative.
Dire qu’une lumière
est négative n’a évidemment aucun sens physique mais dire que dans une équation
colorimétrique la lumière rouge est négative, indique que cette lumière se
trouve du côté de la lumière à analyser.
Si la lumière à
analyser est C, l’équation colorimétrique s’écrit (2) :
C =
rR + gG
+ bB
Lorsque les trois
lumières primaires sont du même côté (c'est-à-dire pour toutes les teintes
comprises entre le rouge et le vert). Mais si la teinte C à reproduire est
comprise entre le vert et le bleu(nous savons alors que la lumière rouge doit
être déplacée du côté de la lumière à
analyser) l’équation colorimétrique s’écrira :
C + rR
= gG +
bB (équation 3) ou
C = -
rR +gG
+ bB (équation 4)
Dans cette dernière
équation, on voit très bien que la lumière rouge est prise avec son signe
négatif qui indique que cette lumière doit être soustraite du mélange
trichrome. C'est-à-dire, tout simplement être ajoutée du côté de la couleur à
analyser.
La (figure
28) indique le lieu de toutes les couleurs spectrales dans la
représentation graphique par le triangle R.G.B. Ce lieu est appelé le Spectrum
Locus. On voit bien que du côté des couleurs rouge, vert, le spectrum locus se
confond pratiquement avec la droite RG.
Ceci indique que les
couleurs sur le spectrum locus, entre le rouge et le vert, peuvent être
reproduites à l’aide d’un mélange additif trichrome, puisque les trois
coordonnées (r, g et b sont positives).
On considère que les
coordonnées d’un point sont positives, lorsque celui-ci se trouve à l’intérieur
du triangle R.G.B. ou du même côté de la droite des couleurs que le sommet
correspondant.
Un exemple
facilitera la compréhension : les coordonnées du point A (figure
28) sont toutes positives (A, intérieur du triangle).
Les coordonnées du
point C sont telles que g’ et b’ sont positives tandis que r’ est négative. En
effet, g’ se trouve du même côté de la droite RG que le sommet B, b’ se trouve
du même côté de la droite BR que le sommet G, r’ se trouve de l’autre côté de
la droite BF par rapport au sommet R.
Ceci indique par
conséquent que pour reproduire la couleur du point A, les trois sources
primaires R.G.B. se trouvent mélangées, tandis que pour reproduire la couleur
la couleur du point C, la lumière rouge (r’ négatif) a du être placée du côté
de la lumière à analyser.
C) Autre
représentation du triangle R.G.B.
Nous avons vu
précédemment, qu’une couleur quelconque pouvait être représentée par une
équation colorimétrique du type (2). Nous avons dit aussi qu’il suffisait
d’indiquer deux coefficients quelconques seulement, le troisième se déduisant
immédiatement de la relation (1).
Au lieu d’utiliser un
triangle équilatéral qui nécessite trois cordonnées, on peut tout aussi bien
utiliser un triangle rectangle R.G.B., ne nécessitant alors que deux
coordonnées, sachant que la troisième coordonnée est déterminée immédiatement
par la relation (1).
La (figure
29) montre ce triangle et le spectrum locus qui s’y appuie.
Les coordonnées du
point A sont dans ce triangle :
r = 0,5 et g = 0,25
La troisième
coordonnée s’en déduirait immédiatement :
B = 1 – (r + g)
= 1 – (0,5 + 0,25) = 0,25
D) Le système
international R.G.B.
1) Nature
En 1931, la
commission internationale de l’Eclairage (C.I.E.) a adopté le triangle
rectangle. Dans ce système les fondamentales sont les radiations monochromatiques
de longueur d’onde 0,700(rouge),
0,546
(vert) et 0,436
(bleu).
L’unité du flux
lumineux de la primaire rouge a été choisie par convention égale à un lumen.
Dans ce cas, pour que le point représentatif de la lumière blanche(W) soit au
centre du triangle, il faut que l’unité du flux lumineux de la primaire bleue
soit égale à 0, 0601 lumen, et celle de la primaire verte égale à 4,5907 lumen.
La faible valeur du
flux lumineux de bleu nécessaire, nous montre déjà dés maintenant les
propriétés colorantes intenses des courtes longueurs d’onde.
Ainsi, une lumière
colorée C ayant pour coordonnées :
r = 0,243 et g =
0,410 (d’où b = 0,347) signifie qu’en additionnant :
0,243 x 1 = 0,243 lumen de primaire rouge (à 0,700)
0,410 x 4,59 = 1,882 lumen de primaire verte (à
0,546)
0,347 x
0,0601 = 0,021 lumen de
primaire bleue (à 0,436)
-----------------
= 2,146 lumen
On reconstitue l’aspect
de 2,146 lumen de lumière colorée C. La détermination du spectrum locus a été
effectuée point par point(c'est-à-dire couleur spectrale par couleur spectrale)
par Guild et par Wright en prenant les résultats moyens d’une vingtaine de
collaborateurs.
Sur deux axes
rectangulaires 0r (axe des abscisses) et 0g (axe des ordonnées), on porte donc
les coordonnées r et g des couleurs du spectrum locus. Dans la (figure 30) sont représentées les coordonnées pour quelques
longueurs d’onde du spectrum locus.
La (figure
31) montre comment la courbe du spectrum locus enveloppe le triangle R.G.B.
Toutes les valeurs
de la nature se trouvent à l’intérieur du spectrum locus. Maintenant, les
couleurs qui se trouvent à l’intérieur du triangle R.G.B., sont représentées
par des coordonnées r, g et b positives (aire hachurée).
Toutes les couleurs
extérieures au triangle, mais à l’intérieur du spectrum locus sont représentées
par des coordonnées dont l’une est négative.
Exemples :
Point M :
r = 0,2
g =
0,3 les
trois coordonnées sont positives
b =
1 - (0,2 +
0,3) = 0,5
=
0,400
r =
0,0247
g = -
0, 0112
g est négative
b =
0,9865
= 0,510
r = -
1,3371
r est négative
g =
1,9318
b =
0,4053
= 0,650
r =
0,9888
g =
0,0113
b = -
0,0001
b est négative
Vous vérifierez que
le spectrum locus se confond pratiquement avec la droite RG, entre 0,546 et 0,700
,
ce qui indique que la coordonnée « b » est presque nulle (en fait
très légèrement négative).
La forme du spectrum
locus et sa façon d’englober le triangle R.G.B. indiquent que toutes les
couleurs spectrales comprises entre 0,700
et 0,546
pourraient être reproduites à l’aide d’un
mélange additif de deux couleurs seulement (le rouge et le vert).
Nous avons déjà
remarqué cette possibilité précédemment. Si l’on désirait parfaire la
reproduction, il suffirait de mélanger un peu de lumière bleue avec la couleur
à analyser (coordonnée b légèrement négative).
2) Détermination
expérimentale des composantes et des coefficients chromatiques
Les composantes
chromatiques d’une lumière quelconque sont désignées par R, G et B, comme vous
le savez déjà. Il est intéressant de montrer comment on peut déterminer ces
composantes expérimentalement.
Pour cela, il suffit
de savoir combien il faut mélanger de lumière r et de lumière B pour réaliser
une couleur spectrale quelconque.
Supposons que nous
voulions réaliser une couleur spectrale bleu vert de longueur d’onde exacte de
0,500.
C’est une couleur parfaitement définie dans le spectre et si nous voulions la
réaliser exactement, nous devons connaître d’une façon certaine, le pourcentage
de rouge(à 0,700
),
de vert (à 0,546
)
et de bleu (à 0,436
)
à mélanger.
Pour ce faire,
reprenons la boîte à lumière et notons la largeur des fentes respectives R, G
et B.
Supposons que pour
réaliser l’équilibrage de la couleur bleu vert de 0,500
, nous ayons eu besoin de 0,08536 de lumière
verte, de 0,04776 de lumière bleue. D’autre part, pour obtenir l’équilibre
exact, nous avons du déplacer la lumière rouge du côté de la lumière à analyser
et la proportion du rouge a été alors de 0,07173.
Nous dirons donc que
nous avons besoin de :
G =
0,08536 de lumière verte
B =
0,04776 de lumière bleue
R = -
0,07173 de lumière rouge
Nous pouvons donc maintenant
calculer les coefficients chromatiques r, g et b de notre lumière colorée à 500.
r = g =
b =
r = =
=
= - 1,1685
g = =
= +
1,3905
b = =
= +
0,7780
Vous vérifierez sans
peine que les valeurs des coefficients r, g et b sont les mêmes que celles
indiquées pour le spectrum locus du tableau de la (figure
30). Vous noterez encore que l’on a bien :
r = g
= b = 1
r + g + b = +
+
=
= 1
Sur la (figure 32) un tableau représente les valeurs de R, G et B
obtenues pour quelques longueurs d’ondes. Et sur la (figure
33) sont tracé les variations de R, G et B en fonction de la longueur
d’onde et donne ainsi la forme des courbes obtenue.
3) Remarques sur
le triangle R.G.B.
Vous devez sans
doute vous dire en observant le triangle rectangle R.G.B. normalisé par la
C.I.E. , que les trois couleurs fondamentales ont été mal choisies car le
triangle ainsi formé ne couvre même pas la moitié de la surface à l’intérieur
du spectrum locus. Il semble en effet, qu’une grande gamme de teintes ne puisse
être reproduite avec ces primaires, car on ne peut pas utiliser de lumière
négative.
On peut le faire à
l’analyse, en plaçant la lumière négative du côté de la couleur à analyser.
Mais si maintenant nous voulons créer une sensation colorée à l’aide de trois
lumières primaires, toutes les couleurs à l’extérieur du triangle R.G.B.,
seront inaccessibles.
On pourrait croire ainsi,
qu’en choisissant une primaire verte G’ (
= 0,510
)
au lieu de G (
= 0,546
),
le triangle R, G’, B serait beaucoup plus grand et permettrait ainsi de
réaliser beaucoup plus de teintes.
C’est vrai, mais la
différence obtenue en pratique est cependant très faible, car toutes les
teintes se trouvant à gauche de l’axe 0g différent très peu des couleurs se
trouvant sur ce même axe et que l’on obtient facilement par mélange du bleu et
du vert.
Mais par contre, le
choix des primaires R.G.B. (0,700, 0,546 et 0,436)
n’est pas heureux en lui-même. En effet, ces radiations sont contenues dans la
valeur de mercure et il est exceptionnel d’utiliser ces radiations dans
colorimètre. On a donc cherché à améliorer le système de représentation des
couleurs et l’on a abouti à la représentation internationale dite XYZ.
X – Représentation XYZ
A) Définition
Pour remédier à ces
inconvénients, la CIE a proposé en 1931, un système déduit du précédent par une
transformation homographique.
On a cherché un
triangle XYZ (figure 34) qui englobe entièrement le
spectrum locus. On a donc tracé pour cela une droite XY qui soit tangente sur
une longueur la plus grande possible au spectrum locus.
On a tracé ensuite
la droite YZ, tangente elle aussi à la courbe spectrale dans la région la plus
intéressante, c'est-à-dire 0,500 – 0,510 .
La droite XZ, par contre, est tangente à la courbe spectrale pratiquement en un
seul point(
= 0,380
).
Les trois droites
ainsi déterminées se coupent aux points X, Y et Z, dont les coordonnées dans la
représentation R.G.B. sont :
X : r =+ 1,27 – g
= - 0,28 Y :
r = - 1,74 – g = + 2,77
Z : r = - 0,74
– g = + 0,14
Mais les points X, Y
et z représentent maintenant des couleurs fictives, n’ayant aucune existence
réelle puisqu’elles sont en dehors du spectrum locus. Il n’est donc pas
possible de déterminer au colorimètre, les quantités nécessaires de ces
couleurs fictives pour former une teinte donnée.
Comment allons nous
procéder ? Nous analyserons une couleur comme précédemment, en déterminant
les quantités R, G et B nécessaires. Ensuite, au moyen d’un calcul simple, nous
déterminerons les proportions nécessaires des nouvelle primaires X, Y et Z.
Les relations que
nous utiliserons sont :
X = 2,77
R +
1,75 G + 1,13 B
Y = 1,00
R +
4,59 G + 0,06 B (équation 7)
Z = 0,06 G + 5,59
B
Nous allons prendre
un exemple qui nous fera mieux comprendre tout cela. Reprenons notre couleur bleu
vert dont la longueur d’onde est 0,500.
Les valeurs des composantes chromatiques que nous avons obtenues étaient :
G =
0,08536 - B
= 0,04776 -
R = - 0,07173
En portant ces
valeurs dans les relations (7), nous obtiendrons :
X = 2,77 x (-
0,07173) + 1,75 x (0,08536) + 1,13 x (0,04776) = 0,005
Y = 1,00 x (-
0,07173) + 4,59 x (0,08536) + 0,06 x (0,04776) = 0,323
Z = 0,06 x
(0,08536) + 5,59 x (0,04776) = 0,272
Les trois valeurs X,
Y et Z ainsi obtenues sont toutes trois positives. On peut donc ainsi
transformer toutes les valeurs R, G et B du spectrum locus, afin de les
transformer en X, Y et Z. Ce travail a été effectué par la CIE. Et le tableau
de la (figure 35) donne les valeurs ainsi obtenues
tandis que la (figure 36) indique les variations des
courbes X, Y et Z, en fonction de la longueur d’onde .
Nous pouvons
maintenant déterminer les coefficients chromatiques x, y et z, de façon
analogue.
x = , y =
, z =
(équation 8)
Vous remarquerez
encore une fois que la somme de x, y et z, est égale à 1. De cette façon, il
suffira de connaître seulement deux coefficients quelconques, le troisième s’en
déduisant immédiatement.
B) Représentation
du spectrum locus
Avant de tracer le
spectrum locus, nous devons commencer par représenter le triangle XYZ. Pour
cela, traçons deux axes de coordonnées x et y. Graduons ces deux axes
arbitrairement et plaçons le point X à l’abscisse x = 1 et le point y à l’ordonné
y = 1.
Pour chaque longueur
d’onde du spectrum locus, calculons les coordonnées x
et y à l’aide des relations (8). Le tableau de la (figure
37) donne les valeurs ainsi déterminées. Nous pouvons alors tracer la
courbe spectrale point par point (figure 38) .
Plaçons maintenant
les points R (0,700 ),
G (0,546
)
et B (0,436
)
.
Le triangle R.G.B.,
ainsi déterminé, n’est autre que le triangle R.G.B. vu précédemment mais
transformé dans le système XYZ.
Le spectrum locus
est maintenant à l’intérieur du triangle XYZ (figure 39).
Les couleurs de la
nature se trouvent dans le domaine limité par le spectrum locus.
Les côtés XY et YZ
du triangle des primaires sont tangents au lieu spectral, ce qui permet,comme
nous vous l’avons dit, d’avoir des primaires le moins irréelles possible.
Le point W (spectre
d’égale énergie : blanc) se trouve au centre du diagramme.
XI – Lieu du corps noir
Le corps noir (ou
radiateur intégral) est un corps fictif dont le coefficient d’absorption est
égal à 1 pour toutes les longueurs d’onde : un tel corps absorberait
intégralement toutes les radiations reçues quelle que soit leur longueur
d’onde, d’où son nom de corps noir.
Inversement, porté à
une certaine température, un tel corps rayonnerait plus d’énergie que n’importe
quel corps réel porté à la même température.
En effet, le
rayonnement des corps réels, qui sont toujours plus ou moins relatifs et jamais
parfaitement noirs, dépend de la température et de leurs propriétés
absorbantes, variables avec la longueur d’onde : par contre, celui du
corps noir ne dépend que de sa température.
Une très petite
ouverture percée dans un four représente assez bien un corps noir. Un rayon
lumineux qui pénètre dans ce four par la petite ouverture n’a pratiquement
aucune chance d’en ressortir(absorption totale). Réciproquement, le rayonnement
sortant de l’orifice suit très sensiblement les lois du rayonnement d’un corps
noir à la température du four.
Lorsque la
température du corps noir augmente, sa couleur change : elle passe du
rouge sombre pour les basses températures + 500° Kelvin au blanc pour des
températures plus élevées.
La Commission
Internationale de l’Eclairage a normalisé quatre sources étalon de blanc, dites
A, B, C et W.
Etalon A : lumière blanche émise par le corps noir, dont la
température est égale à 2850° K.
Etalon B : lumière blanche émise par le corps noir, dont la
température est égale à 4800° K.
Etalon C : lumière blanche émise par le corps noir, dont la
température est portée à 6500° K.
On peut obtenir
encore ces étalons A, B et C de la manière suivante :
Etalon A : c’est la lumière délivrée par une lampe à
incandescence, à filament de tungstène, en atmosphère gazeuse et de température
de couleur égale à 2850° K.
Etalon B : source précédente A munie d’un filtre Davis et Gibson
amenant sa température de couleur à 4800° K.
Etalon C : source A munie d’un autre filtre Davis et Gibson
amenant sa température de couleur à 6500° K.
L’étalon A
représente l’éclairage artificiel par incandescence.
L’étalon B
représente sensiblement dans le spectre visible, la qualité de la lumière
provenant directement du soleil.
L’étalon C
représente la moyenne des températures de couleur du ciel bleu.
Les filtres établis
par Davis et Gibson du national Bureau Of Standards, sont des solutions
convenables de sulfate de cuivre et de cobalt.
L’étalon W (W =
White = blanc) est une source fictive dite à spectre d’égale énergie, et qui
rayonnerait la même quantité d’énergie pour toutes les longueurs d’onde.
Comme on peut le
constater sur la (figure 40) , la source A comprend plus
de radiations rouges, que de radiations bleues, ce qui est bien la
caractéristique d’une source à incandescence.
La source B est
presque la source idéale, quoique comportant un peu moins de rayons bleus et
rouges que de rayons de longueur d’onde moyenne.
La source C (ciel
bleu) comporte beaucoup plus de rayonnements dans le bleu que dans le rouge.
La source W
théorique idéale est évidemment une droite (même rayonnement dans tout le
spectre visible).
Ces quatre sources,
bien différentes les unes des autres, sont toutes dites blanches. On comprend
facilement maintenant pourquoi il est nécessaire de préciser de quelle sorte de
blanc il s’agit.
Pour la télévision
en couleurs, comme blanc de référence, on utilise le blanc étalon C.
Sur la (figure 41) est représenté les variations du point
représentatif du corps noir lorsque sa température varie de 700° K à une valeur
extrêmement grande (repérée par ).
XII – Longueur d’onde dominante – Facteur de
pureté
Soit une couleur
dont le représentatif est M (figure 42) . Traçons la
demi droite Wm, celle-ci coupe le spectrum locus en un point D, correspondant à
la longueur d’onde . Nous dirons que la longueur d’onde dominante
de la couleur M est
.
Toutes les couleurs
dont les points représentatifs sont sur la demi droite WD ont la même longueur
d’onde dominante .
On appelle facteur
de pureté p, le rapport de la longueur de la droite WM à la longueur de la
droite WD.
P = (équation 9)
Soit une couleur N ,
la demi droite WN ne rencontre pas le spectrum locus. En effet, il ne faut pas
oublier que la droite RB (figure 42) n’appartient pas au
lieu spectral, et que sur cette droite, il n’y a pas de longueur d’onde. Cette
droite est dite des pourpres saturés.
La demi droite WN
coupe donc la droite RB en un point P . Mais nous ne pouvons pas maintenant
définir une longueur d’onde dominante, car il n’y a pas de longueur d’onde sur
la ligne RB.
Nous pouvons, par
contre, tourner la difficulté et prolonger la demi droite NW, qui elle, coupe
le spectrum locus en un certain point Q.
Le point
correspondant à la longueur d’onde complémentaire que nous appellerons .
Toutes les couleurs
situées entre W et P n’auront donc pas de longueur d’onde dominante, mais
pourront être définies par la même longueur d’onde complémentaire .
Le facteur de pureté
pour les couleurs N pourra être défini comme précédemment.
p’ = (équation 10)
La figure précédente
représente dans le diagramme x, y, diverses courbes d’égales puretés p ou p’.
Les courbes d’égale
longueur d’onde dominante (ou complémentaire) sont des droites passant par W.
Cette figure permet
par interpolation, de déterminer rapidement les coefficients (ou
) et p d’une couleur, lorsque l’on connaît ses
coordonnées x et y.
p = =
(équation 11)
y étant l’ordonnée
du point M, yd étant l’ordonnée du point D et 0,33 étant l’ordonnée du point
W.
Ou bien :
p’ =
=
(équation12)
y
étant l’ordonnée du point P.
Le facteur de pureté
est toujours compris entre 0 et 1.
Si le point M se trouve en W (M = blanc) , on aura :
p = =
= 0 .
La pureté de la couleur est dans ce cas nulle.
Si le point M se trouve en D (couleur saturée), on aura :
p = =
= 1 , la pureté d’une couleur saturée est
donc toujours égale à 1.
une couleur de plus en plus lavée de blanc, voit son facteur de pureté
diminuer et devenir nul, lorsque la couleur se trouve au centre W (blanc de
référence.
XIII – Retour sur l’acuité visuelle
A) Généralités
Nous savons déjà que
le pouvoir de résolution de l’œil est beaucoup plus faible pour la chrominance
que pour la luminance. Des expériences très intéressantes montrent cette
propriété
On prend pour cela une
feuille de papier blanc et on la ponctue de petits points colorés de toutes les
couleurs. A faible distance, on distingue parfaitement la couleur de chaque
point.
Eloignons lentement
la feuille, tout d’abord, les points bleus deviennent impossibles à distinguer
des gris, puis les points bruns se confondent avec les roses.
Jusqu’à maintenant,
on distingue encore les rouges et les verts. Puis en s’éloignant, la dimension
des points décroît encore, et les rouges finissent par disparaître, se
confondant avec les gris de luminance équivalente. Si l’on s’éloigne encore,
les verts finissent eux aussi par se confondre avec les gris.
L’ordre de
disparition des couleurs est donc le suivant :
D’abord les bleus,
puis les rouges enfin les verts.
D’autre part, on
remarque aussi que l’œil n’est pas sensible à la couleur pour les petites
surfaces. Nous pouvons donc tirer une conclusion très importante de ces
remarques (et qui est largement mise à profit en télévision couleurs).
L’ordre de
disparition des couleurs montre, que pour les petites surfaces colorées, il
n’est même pas nécessaire de réaliser une synthèse trichrome pour obtenir une
sensation visuelle équivalente : deux couleurs fondamentales suffisent.
On peut donc faire
de la bichromie (au lieu de la trichromie). Il suffit pour cela de choisir un
rouge orange et un bleu vert (qui sont d’ailleurs les dernières à disparaître
dans notre expérience précédente).
D’autre part, comme
l’acuité visuelle est beaucoup plus faible pour le bleu que pour le rouge ou le
vert, on pourra se contenter d’une bande passante quinze à vingt fois plus
réduite pour le bleu que pour les autres couleurs fondamentales.
Si on voulait, par
conséquent, exploiter au maximum toutes les propriétés de l’œil, le procédé de
télévision en couleurs idéal serait :
Trichrome (rouge, vert et bleu) pour les gros détails.
Bichrome (rouge-orange, vert-bleu) pour les détails moyens.
Monochrome(noir et blanc) pour les détails fins.
B) Tolérances
admissibles dans la reproduction des couleurs
Dans le cas où l’on
désire reproduire les couleurs de façon qu’on puisse les distinguer de celles
du modèle, quelles sont les tolérances admissibles ?
Mac Adam a essayé de
déterminer quels étaient les écarts maxima non perceptibles. Il a déterminé que
ces écarts affectaient approximativement la forme d’ellipses (figure
43) .
Ces ellipses
indiquent que dans toute la surface d’une ellipse, l’œil ne distingue pas de
variation de couleur par rapport à la couleur au centre de l’ellipse.
Cette remarque est
d’une extrême importance. On peut voir, en effet, que si les tolérances dans le
bleu violet sont faibles (ellipses de petite surface), elles sont très grande
dans le jaune vert.
Ainsi donc, si la
couleur doit être assez rigoureusement respectée dans les rouges et les bleus,
il suffira de faire une approximation assez large pour les longueurs d’ondes
moyennes.
Cette propriété
(approximation dans les couleurs) est exploitée systématiquement dans la
télévision en couleurs.
XIV – Conclusion
On peut reproduire pratiquement n’importe quelle couleur, à l’aide
d’une synthèse trichrome, puisque la vision humaine peut être considérée comme
trichrome.
Les grandes surfaces colorées devront être reproduites en trichromie.
Les petites surfaces colorées pourraient se contenter d’une
reproduction bichrome.
Les détails fins n’auront pas à être colorés : ils seront
reproduits en noir et blanc tout simplement.
Ces trois derniers points sont possibles, grâce à l’acuité visuelle
plus faible pour les couleurs que pour le noir et blanc.
L’acuité visuelle est plus faible pour le bleu que pour le rouge et le
vert (la bande passante du canal bleu pourra de ce fait, être plus réduite).
Les tolérances dans les couleurs étant assez grandes certaines approximations
pourront être apportées dans la reproduction des couleurs.